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L’article cherche à montrer que le roman Tout-monde (1993) de l’écrivain martiniquais Édouard Glissant (1928-2011) représente un tournant dans l’œuvre de cet auteur. C’est en effet dans ce roman tourbillonnant que Glissant agrandit l’horizon géographique de son œuvre de la Martinique au monde entier, un élargissement accompagné par le concept philosophique « Tout-monde » dont le roman constitue à la fois la défense et l’illustration. L’analyse se concentre sur les aspects du roman qui témoignent d’un effort de l’écrivain de relier une problématique postcoloniale avec une vision philosophique plus large. On verra ainsi comment certains concepts théoriques, repris de ses écrits antérieurs, font l’objet d’un recadrage dans Tout-monde, mais aussi comment l’écrivain s’y prend pour construire une image de soi, un ethos, qui correspond à son nouveau projet littéraire et philosophique, à la fois ancré en Martinique et ouvert sur le monde.

The article aims to show that the novel Tout-monde (1993) by the Martinican writer Édouard Glissant (1928-2011) represents a turning point in the work of this author. It is in fact in this whirlwind novel that Glissant enlarges the geographic horizon of his work from Martinique to the whole world, an expansion accompanied by the philosophical concept “Tout-monde” of which the novel constitutes both the defense and the illustration. The analysis focuses on aspects of the novel which demonstrate an effort by the writer to connect a postcolonial issue with a broader philosophical vision. We will thus see how certain theoretical concepts, taken from his previous writings, are the subject of a reframing in Tout-monde, but also how the writer goes about constructing a self-image, an ethos, which corresponds to his new literary and philosophical project, both anchored in Martinique and open to the world.