Plusieurs personnages emblématiques durassiens évoluent sous le signe de l'eau. Dans cet article, je présente quelques-uns d'entre eux : la mendiante, Anne-Marie Stretter, Lol V. Stein et la mère dans le cycle indochinois. Nous verrons que ces femmes sont toutes marquées, d'une façon ou d'une autre, par les rapports qu'elles entretiennent avec l'élément aquatique. Ces relations diffèrent de manière significative. Pour la mendiante, l'eau est d'abord un élément néfaste, qui accompagne et s'associe à la douleur qu'elle éprouve. Ensuite elle se l'approprie complètement, pour devenir à la fin une bête aquatique. Anne-Marie Stretter entretient, quant à elle, une relation assez harmonieuse avec l'élément mais finit ses jours noyée dans l'océan indien. Pour Lol V. Stein, l'eau est liée à la représentation qu'elle se fait du bonheur et a donc des connotations positives. Dans le cycle indochinois, l'eau est au contraire un élément destructeur : en faisant écrouler les barrages, elle a détruit la récolte et ruiné la famille de colons blancs qui est au centre de ces textes. Cependant, la mère arrive à se réconcilier avec l'élément qui devient, dans une scène-clé, une source de joie et de purification. Ainsi, on distingue à travers ces personnages le caractère polyvalent de l'eau, sa qualité génératrice de vie mais aussi son côté destructeur.