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L’œuvre d’Agustina Bessa-Luís est profondément marquée par le féminin, engageant pour cela un réel questionnement identitaire. Il nous importera ici d’analyser dans quelle mesure l’auteure déconstruit l’image des femmes, pour réévaluer les modèles de féminité qui, de tout temps, leur ont été imposés. Ainsi, certaines figures féminines révèlent une forte adhésion à l’« idéal normatif » (J. Butler), produit d’une société machiste et hétéronormative. Par « mimétisme » (Irigaray), ces femmes reproduisent une mascarade de la féminité, une « performativité » jouant sur la beauté, la discrétion et la passivité, les inscrivant à leur place historique en tant qu’« objet du désir » masculin. Toutefois, il s’avère que cette « féminité fabriquée » est bien souvent désarticulée et « défigurée », par des vecteurs de résistance, dont l’enjeu principal est justement le corps féminin. En effet, d’autres modalités de figuration du féminin, essentiellement transgressives, sont mises en place à travers l’excès, la laideur, la virilisation. Ces manifestations transgressives deviennent un mode de contestation des identités fixes, définies par l’ordre établi, tout en proposant une autre manière d’être au monde, celle où s’inscrit cette « indépendance unique du corps sans oppression » (cf. O Mosteiro).